Communauté LGBTQ+ : les effets insoupçonnés du vaudou
Le vaudou, un « espace rassurant » pour les membres de la communauté LGBTQ+ haïtienne ? Facette méconnue de cette pratique qui gravite autour de l’appel des esprits, elle est pourtant une réalité, selon plusieurs adeptes et experts interrogés par La Presse.
Colin Jean Michelet fils est né à Jacmel, en Haïti. Il avait 13 ans seulement lorsque ses parents l’ont abandonné. « Qu’est-ce qu’on va faire avec lui ? Il est homosexuel. » Des paroles qui marquent, nous raconte celui qui s’est senti comme « quelque chose qu’on jette ». L’adolescent s’est réfugié chez un cousin, également homosexuel.
Le vaudou, parfois associé à un culte obscur, est réprimé par une partie de la population en Haïti. Mais parce que la culture vaudoue fait peu de cas des questions de genre, elle est accueillante pour les personnes queer, homosexuelles ou trans, confirme Mario LaMothe, professeur au département d’anthropologie de l’Université de Chicago et auteur de plusieurs livres sur les rituels religieux afro-caribéens.
Les cérémonies vaudoues ont des allures presque théâtrales : sur fond de musique folklorique, les croyants en transe racontent qu’ils se laissent posséder par les esprits, qu’on appelle « lwas » ou « invisibles ». Si un homme grand et costaud est possédé par un lwa féminin, il adoptera ses mimiques et ses comportements. L’orientation sexuelle et le genre de ceux qui participent sont donc des éléments accessoires.
Initié au vaudou il y a cinq ans, Colin en a fait une partie de son mode de vie. Le jeune homme aux longs dreads et au sourire avenant explique avoir célébré quelques années auparavant… son « mariage » avec un esprit. Il s’agit d’Erzulie Dantor, dit-il en montrant l’imposante bague argentée sertie de pierres bleues autour de son doigt. Cette figure féminine est d’ailleurs considérée dans le vaudou comme lwa protecteur des homosexuels et des bisexuels. / La suite sur LaPresse.com