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Deux ans après les 5, 6, 7 juillet 2018, Jovenel Moïse a changé de momentum

Il y a de cela deux ans, le pays se réveillait de trois jours d’émeutes dans la région métropolitaine. Nos fameux 5, 6, 7 juillet 2018.

L’objectif des émeutiers n’était pas de réclamer le départ du président Jovenel Moïse. Ils protestaient en majorité contre une augmentation drastique et brusque des prix des produits pétroliers introduite subrepticement pendant le match de Coupe du monde de football Brésil-Belgique.

Ce week-end de juillet 2018, ce ne fut pas seulement l’équipe de Neymar qui sortit par la petite porte de la Russie mais aussi le premier ministre de l’époque Jack Guy Lafontant qui perdit l’essence de son mandat.

Après les émeutes de l’essence, suivirent des manifestations, des massacres, des épisodes de peyi lòk, des négociations inabouties et tout un tas de turbulences. Le pays paie encore le prix du déraillement du quinquennat Moïse qui commença avec ce communiqué sur les produits pétroliers.

Depuis lors, le gouvernement haïtien n’a pu ajuster les prix des produits pétroliers ni introduire de nouvelles taxes. Juillet 2018 a laissé des traces profondes.

Et comme la croissance démographique continue et la croissance de l’économie bat de l’aile, Haïti et les Haïtiens sont devenus plus pauvres ces deux dernières années. Le pays changea de premier ministre, vécut des jours sans en avoir, en eut deux en même temps, sans avoir de politiques adaptées à ses problèmes.

La tentation de renverser le président élu prit de l’ampleur pendant la même période. A l’inverse de l’économie qui déclinait, le pouvoir présidentiel se renforça bataille après bataille.

Le 7 juillet 2020, le président Jovenel Moïse a publié un arrêté qui lui permet de remplacer d’un coup les maires élus de l’ensemble des 141 communes qui forment la République d’Haïti pour les convertir en agents intérimaires nommés par l’exécutif. Le président, le Conseil électoral en poste depuis 2016 et sa majorité parlementaire n’ont pas tenu les élections et il – le président- en bénéficie. Il en est de même pour le Parlement. Il n’existe plus de par la faute de ceux qui se sont renforcés par son absence et qui avaient la responsabilité de ne pas laisser le pays s’installer dans un tel vide.

Il ne reste du Parlement que neuf sénateurs qui ne peuvent ni se réunir faute de quorum fixé à 16 ni être utiles à grand-chose en l’absence de la Chambre des députés.

Deux ans après être entré dans la tourmente, le président Jovenel Moïse est seul chef à bord du bateau Haïti. Il gouverne sans contre-pouvoir, légifère sans Parlement, contrôle la police et la Banque de la République d’Haïti.

Deux ans après les émeutes de juillet 2018, le chef de l’État pavoise sur Twitter : « J’ai eu une conversation avec @antonioguterres SG de l’ONU sur la question des droits humains et la sécurité, la gestion de l’après Covid-19, les réformes en cours et le processus électoral. Nous avons renouvelé notre engagement en vue de l’amélioration du climat général en Haïti. »

Le président Moïse a en main tous les leviers comme d’autres présidents haïtiens avant lui. Le tout est de savoir ce qu’il saura ou pourra en faire.

La classe politique est anesthésiée ; la classe des affaires a peur des représailles ; chaque ancien élu rêve d’être adoubé pour les prochaines élections ; la communauté internationale se réjouit de ne pas avoir à materner le pays ; la population gère ses nombreux problèmes ; la politique a rarement été aussi sous le contrôle d’un seul groupe.

Et pourtant tous les voyants sont au rouge et personne ne sait ce que le président et ses équipes vont faire de leur momentum.

 

Source: https://lenouvelliste.com/article/218351/deux-ans-apres-les-5-6-7-juillet-2018-jovenel-moise-a-change-de-momentum

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