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Vers 25 gourdes pour un dollar… Que dit la BRH?

Ces derniers jours, tout Haïtien qui a quelques gourdes ou quelques dollars suit, avec curiosité, soulagement ou inquiétude, la prise de valeur de la monnaie nationale face au dollar américain.

Le dollar qui s’échangeait pour plus de 120 gourdes le 17 août 2020 ne vaut plus ce 28 septembre que 67 gourdes 50 dans les banques et autour de 60 gourdes hors des banques.

Le dollar n’est plus rare. C’est la gourde qui vaut cher en cette fin d’exercice fiscal.

Si on suit les explications du professeur Eddy Labossière qui se présente comme un consultant de la Banque de la République d’Haïti et du ministère de l’Economie et des Finances, le but serait d’arriver à 25 gourdes pour un dollar.

Labossière, président de l’Association haïtienne des économistes, selon son résumé posté sur Twitter, est l’un des rares économistes qui parle, soutient la gourde forte et semble indiquer le sens des opérations de la Banque centrale haïtienne.

Porte-parole ou porteur de sa propre parole, les institutions qu’il dit qui le consultent n’ont pas démenti ses propos. Prenons-les pour des indications.

Les prescriptions de Labossière sont d’autant plus fortes que la BRH se tait comme elle s’était tue quand l’épargne en gourdes fondait après avoir provoqué et accompagné de son silence la dépréciation de la gourde avec l’annonce de la dédollarisation de mars 2018.

Aujourd’hui, la BRH savoure dans le même silence l’appréciation de la gourde et l’atomisation de l’épargne nationale dont plus de 60 % est stockée en dollars américains dans les banques haïtiennes.

Comme pour la dépréciation, l’appréciation a un acteur déclencheur: la BRH.

En cette fin septembre, tous ceux qui avaient dépensé sur leur carte de crédit à des taux frisant 100 ou 130 gourdes pour un dollar ne peuvent que pleurer. La banque centrale a interdit les cartes de crédit émises en dollars et laisse trimer les utilisateurs pour payer une facture qui serait plus légère si elle était payée dans la monnaie de la dépense.

Pour acquitter un loyer de trente mille gourdes par mois au 7 août 2020, un couple dédiait 250 dollars de ses revenus. Ce 28 septembre, pour payer le même loyer il leur faut mettre 444 dollars pour les trente mille gourdes.

Bien entendu, dans l’autre sens, ceux qui depuis des années touchent en gourdes et ont des dépenses en dollars voient pour la première fois leurs gourdes prendre de la valeur. Beaucoup de valeur.

Mais eux aussi, pour protéger leur épargne, avaient converti leur avoir en dollars. Ils gagnent d’un côté, perdent de l’autre.

N’a-t-on pas vu des affiches: ici on ne prend pas de dollar ?

Chaque famille de la diaspora qui transfère des fonds pour faire vivre un parent en Haïti assiste aussi au miracle de la gourde et se retrouvent avec l’obligation d’envoyer plus de dollars pour couvrir les mêmes dépenses.

Bien entendu, les prix des produits de première nécessité connaissent une chute remarquée sur le marché. Mais pour combien de temps et que peut-on faire pour les produits et services dont les prix n’ont pas bougé ?

Les produits pétroliers, le transport, les loyers, les écolages, les prix dans la construction, hors ciment et fer, elles sont légion les catégories de produits et de services qui sont restés sur les prix d’avant le renforcement de la gourde.

Chaque consommateur peut déjà raconter ses expériences de prix qui ont augmenté en dollar réel sur le marché. Les commerçants ont converti les anciens prix de la devise américaine au taux de 125-120-100 gourdes pour un dollar et disent ne pas croire que la gourde restera forte longtemps.

Et pour toutes ces raisons la parole rassurante de la Banque de la République d’Haïti est nécessaire en ces temps troublés.

Quand le dollar prenait de la valeur, des acteurs économiques spéculaient et des pans entiers de la population s’appauvrissaient.

Aujourd’hui que le dollar perd de la valeur face à la gourde, des pans entiers de la population s’appauvrissent.

Dans les deux cas, la banque centrale a initié le mouvement et se drape dans un silence méprisant.

Que ce soit les spéculateurs malintentionnés qui attaquent la gourde sur le marché local ou des spéculateurs bien intentionnés qui attaquent le dollar sur le marché local, le régulateur nous doit des explications. Dans un cas comme dans l’autre, des fortunes sont faites par ceux qui visaient le plafond comme par ceux qui connaissent le plancher.

Pire, quand on lit la lettre de cadrage pour le budget de l’exercice 2020-2021, document préparé par le gouvernement, on se rend compte que le scénario d’une gourde forte n’est pas pris en compte. L’Etat haïtien ne semble pas croire que le miracle va durer ni que cela soit une bonne chose.

En attendant, qui stocke les dollars à bon marché ?

A qui profite le miracle ?

Quelles sont les perspectives à moyen et long terme de la BRH pour l’économie et les consommateurs haïtiens ?

Autre question, pourquoi les autorités qui pouvaient intervenir pour soutenir la gourde ne l’ont pas fait pendant des années et ont laissé les Haitiens perdent autant d’argent dans le yoyo du change ?

Source : https://lenouvelliste.com/article/221461/vers-25-gourdes-pour-un-dollar-que-dit-la-brh

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